Certes, les logements neufs sont de plus en plus beaux, bien isolés et fonctionnels. Mais la multiplication des normes tous azimuts a également pour effet de rendre ces mêmes biens de plus en plus coûteux au mètre carré.
Une inflation des tarifs, dénoncée par les professionnels
Lors des discussions ayant mené au Grenelle de l’Environnement, il avait été fait le pari que la généralisation des nouvelles normes de construction éco-responsables permettrait des économies d’échelle et une modération des prix à l’achat. La situation est loin d’être aussi simple selon une étude réalisée, au début de l’année 2014, par l’Union nationale de la propriété immobilière. La RT 2012, à elle seule, renchérirait le prix au mètre carré de 8 à 12 %. Les normes d’accessibilité pour handicapés (cf encadré) y ajouteraient 4 à 6 %. La dépollution des sols, de plus en plus drastique, causerait quant à elle une augmentation de 3 à 15 % du prix ! Au total, l’UNPI déplore un prix au mètre carré passé de 1 000 € en 2 000 à… 1 480 € !
En cause : des normes draconiennes…
La RT 2012 impose à chaque logement neuf, depuis le 1er janvier 2013, une consommation énergétique de 50 kWh/an/m². C’est beaucoup plus que des pays pourtant avancés dans le domaine de l’habitat écologique, comme l’Allemagne (110 kWh) ou les Pays-Bas (130 kWh). Sans compter que la future RT 2020 devrait rendre obligatoire la maison passive, censée produire davantage d’énergie qu’elle n’en consomme, ce qui impose certains matériaux et équipements coûteux (panneaux solaires, puits thermique…).
Mais la protection environnementale n’est pas seule en cause : il convient de citer les frais engendrés par des fouilles archéologiques systématiques ou encore des normes électriques poussant parfois la puissance et la protection un peu trop loin.
Les normes d'accessibilité sont parfois étonnantes
Fraîchement arrivée dans son appartement flambant neuf à Boulogne-Billancourt, Cindy détaille avec amusement les conséquences des nouvelles normes d’accessibilité : « La chambre à coucher, la salle de bains et les toilettes sont très grandes, mais l’architecte n’a pas pu faire autrement. Tout ça au détriment de ma pièce à vivre, qui du coup ne dépasse pas 20 m². Et je ne vous parle même pas de l’absence de fenêtre au-dessus de mon évier ! »
Vers une remise en cause de la folie normative ?
Les effets néfastes de certaines normes apparaissant de plus en plus évidents, le gouvernement a annoncé au mois de juin 2014 une série de mesures destinées à simplifier la tâche des professionnels, et in fine à réduire les tarifs facturés au client. Le report d’application des normes d’accessibilité pour handicapés, déjà annoncé pour les bâtiments recevant du public, pourrait être logiquement élargi au secteur résidentiel. D’ici le début de l’année 2015, les particuliers pourront par ailleurs compter sur une réactivation des prêts à taux zéro, et un assouplissement de certaines dispositions de la loi Duflot/Pinel (copropriété, conditions de location…).
Soucieuses de proposer à chaque citoyen un habitat sécurisé et conforme à ses besoins, les autorités ont mal anticipé l’explosion consécutive des coûts de construction au mètre carré. Une plus grande modération peut raisonnablement être espérée à l’avenir.
Les points clés à retenir
- Des normes de construction plus strictes qu’ailleurs tendent à augmenter le coût de l’immobilier neuf en France.
- Elles découragent ou freinent l’activité des professionnels concernés.
- Un plan de simplification devrait bientôt contribuer à aplanir les difficultés.
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