Le secteur de l'immobilier neuf traverse une crise profonde. Face à cette situation, Valérie Létard, récemment nommée ministre du Logement, a détaillé ses ambitions lors d’un entretien accordé au Parisien tout récemment. Elle y a défendu un élargissement du prêt à taux zéro (PTZ), un outil déjà bien connu des primo-accédants, mais avec un cadre strictement orienté vers le neuf. Cette mesure, bien qu’attendue par les professionnels, pourrait être compromise par l’instabilité politique actuelle.
Un PTZ élargi, mais recentré sur le neuf
Lors de son discours de politique générale le 1er octobre, le Premier ministre, Michel Barnier, avait évoqué un PTZ élargi « sur tout le territoire » pour faciliter l'accès à la propriété des primo-accédants. Cette annonce, qui avait laissé planer des doutes sur les modalités précises, a été clarifiée par Valérie Létard.
Selon la ministre, le PTZ serait accessible à tous les primo-accédants dès 2025, sans distinction géographique. Cependant, elle précise que cette généralisation concernerait uniquement les logements neufs, qu'il s'agisse de maisons ou d'appartements. L’objectif affiché est clair : répondre à la demande des professionnels de la construction et des futurs propriétaires, tout en soutenant l’économie.
Une réforme attendue pour relancer la construction
Jusqu’à présent, le PTZ s’appliquait de manière limitée. Les logements neufs situés en zones tendues ou les biens anciens nécessitant de lourds travaux dans des zones détendues étaient les principaux concernés. Cette restriction géographique et typologique excluait une grande partie des acquéreurs potentiels.
Avec cette nouvelle orientation, Valérie Létard espère favoriser la construction d’environ 15 000 logements supplémentaires en 2025. Ce dynamisme attendu représenterait, selon ses estimations, près de 600 millions d’euros de recettes fiscales liées à la TVA.
« Cette réforme répond à une demande forte des locataires souhaitant devenir propriétaires », a déclaré la ministre. Elle rappelle également que le PTZ actuel permet de financer jusqu’à 50 % d’un projet immobilier, avec des montants pouvant atteindre 100 000 €.
Valérie Letard a affirmé que le PTZ recentré en 2024 aura permis d’accorder 40 000 prêts à taux zéro d’ici la fin de l’année 2024.
Une mesure encore incertaine dans un contexte politique tendu
Malgré ces annonces, l’avenir de ce PTZ généralisé reste suspendu aux aléas politiques. Le projet de loi de finances pour 2025 est actuellement fragilisé par le vote des motions de censure déposées le 2 décembre contre le gouvernement. Le recours au 49.3 décrété par Michel Barnier pour faire passer ce budget renforce donc les incertitudes, car cette décision a rendu la situation tendue à l’Assemblée nationale. Cela pourrait conduire à la chute du gouvernement actuel, à un remaniement ministériel, et donc à la nomination d’un nouveau ministre du Logement, ce qui remettrait en question les projets actuels.
Dans un tel contexte, les mesures portées par Valérie Létard pourraient être abandonnées ou modifiées, en cas de changement gouvernemental.
Pas de dispositif pour remplacer le Pinel
Autre point d’attention pour le secteur immobilier : la fin programmée du dispositif Pinel, prévue pour le 31 décembre 2024. Cette incitation fiscale, qui a coûté 25 milliards d’euros en dix ans, ne sera pas remplacée. Valérie Létard a insisté sur le fait que cette décision était connue depuis longtemps et qu’elle n’entendait pas revenir dessus. Toutefois, elle a reconnu la nécessité de soutenir l’investissement locatif et s'est montrée ouverte aux propositions des parlementaires pour trouver des solutions transitoires.
Une volonté d’adaptation face au « Zéro artificialisation nette »
Enfin, la ministre s’est exprimée sur l’objectif de Zéro artificialisation nette (ZAN), qui impose une réduction de 50 % de la consommation d’espace entre 2021 et 2031. Elle affirme travailler avec les élus locaux pour apporter de la souplesse à cette mesure, tout en respectant son calendrier.
En attendant les changements à venir (motion de censure, probable chute du gouvernement Barnier...), l’avenir de ce PTZ généralisé dans le neuf reste suspendu à la stabilité politique du gouvernement actuel. Une situation à surveiller de près, tant pour les professionnels du secteur que pour les futurs accédants à la propriété.
« Ces modifications permettraient de faire sortir de terre environ 15 000 logements supplémentaires en 2025 qui représenteront 600 millions d’euros de TVA », a indiqué l’actuelle ministre du Logement.
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