Alors que les ventes et la construction de logements neufs reculent sensiblement en 2024, les promoteurs réclament le maintien du Pinel en 2025. Ils estiment que le dispositif fiscal, qui prendra fin le 31 décembre, est indispensable pour relancer le secteur.
Logement : la nomination de Valérie Létard saluée
Il y a quelques semaines, à l’occasion d’une conférence de presse pendant laquelle elle dévoilait les derniers chiffres de son observatoire, la FPI (Fédération des promoteurs immobiliers) appelait à réagir face à la crise que traverse le secteur de la construction.
Pascal Boulanger, président de la FPI, reprochait notamment aux précédents gouvernements d’avoir parié sur une baisse des prix pour relancer la demande. « Les prix des logements neufs étant techniques, contraints par les normes, la fiscalité et la rareté des autorisations de construire, ils ne peuvent pas baisser », indiquait la FPI. « Je remercie le président de la République et Bruno Le Maire pour leurs mea culpa respectifs. Et j’implore avec force le Premier ministre (dont le nom n’était pas encore connu, ndlr) de ne surtout pas reproduire les mêmes erreurs en ne prenant pas les mesures nécessaires pour répondre à la crise », affirmait Pascal Boulanger.
La décision du Premier ministre Michel Barnier de conférer au logement un ministère de plein exercice a été très bien accueillie par la FPI. La Fédération estime que la nomination de Valérie Létard, qu’elle considère comme « expérimentée et maîtrisant les enjeux cruciaux du logement », est « un signal fort en faveur de la mise en œuvre de politiques ambitieuses et adaptées aux besoins actuels, tant en matière d'accès au logement qu'en termes de rénovation urbaine ».
Au 2e trimestre 2024, les ventes de logements neufs ont baissé de 8,3 % sur 1 an.
Les promoteurs plaident une reconduction du Pinel en 2025
S’ils se réjouissent de la nomination de Valérie Létard en tant de ministre du Logement de plein exercice, ils attendent désormais les premières mesures pour relancer le secteur de la construction. « Nous demandons une prolongation du dispositif Pinel », déclarait déjà Pascal Boulanger, président FPI, lors de la publication des chiffres d’activité de la profession au deuxième trimestre 2024.
Pour rappel, le dispositif Pinel, qui prendra fin le 31 décembre 2024, permet aux personnes investissant dans le neuf en zone tendue de bénéficier d’une réduction d’impôt de 9 % du prix du logement s’ils s’engagent à louer pendant 6 ans, 12 % sur 9 ans et 14 % sur 12 ans. De 2014 à 2022, il était même possible de profiter d’une réduction d’impôt de 12 % sur 6 ans, 18 % sur 9 ans et 21 % sur 12 ans.
Selon Pascal Boulanger, « ce n’est pas le moment de l’arrêter car 85 à 90 % des investissements des particuliers dans l’immobilier locatif se font grâce à ce dispositif. Actuellement, on fait 4 fois moins de vente en investissement locatif qu’une année normale. Si on arrête le Pinel, je n’imagine même pas notre métier de promoteur immobilier dans trois mois et demi ! » Pascal Boulanger a confié à nos confrères de L’Opinion qu’il souhaitait la prolongation du dispositif « dans les conditions antérieures, avec les taux de réduction d’impôt de 12 %, 18 % et 21 % ! »
Pinel : un dispositif partiellement efficace ?
Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, la FPI veut s’appuyer sur le dernier rapport de la Cour des comptes sur le Pinel pour demander au nouveau gouvernement de prolonger le dispositif après le 31 décembre. En effet, dans son rapport faisant le bilan du Pinel, la Cour des comptes indique que le dispositif semble avoir eu un réel effet volume pour les promoteurs.
« En matière de requalification urbaine, ou de mixité d’habitat, le dispositif a contribué au déclenchement d’opérations immobilières qui n’auraient pu, ou moins rapidement, aboutir sans cette orientation de l’épargne des particuliers », affirme la Cour des comptes, qui ajoute que le Pinel a permis à des ménages plutôt modestes de « se loger en zones tendues dans des logements confortables, qualitatifs et économes en énergie ».
Néanmoins, l’institution précise que le dispositif « ne remplit qu’imparfaitement les objectifs de construction et de rénovation de logements dans les zones tendues » puisqu’il n’a pas permis de répondre précisément aux besoins locaux de logements intermédiaires. « Sans connaissance de la décision finale des investisseurs de recourir ou non aux avantages du dispositif Pinel, les collectivités ne peuvent pas identifier si les logements revêtiront in fine un caractère intermédiaire », ajoute la Cour des comptes.
Assouplissement de la loi ZAN, généralisation du prêt à taux zéro (PTZ)… Si Michel Barnier a avancé plusieurs mesures pour le logement lors de son discours de politique générale, le Pinel n’a pas encore été évoqué.
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